Arboviroses

Que doit-on savoir sur les arboviroses?

Le terme « Arboviroses » regroupe les infections causées par des virus transmis aux humains lors de piqûres de moustiques ou de morsures de tiques (vecteurs faisant partie des arthropodes).

Certaines arboviroses peuvent être acquises au Québec puisque les vecteurs en cause s’y trouvent (en milieux urbains ou en campagne). D’autres sont exclusivement acquises à l’étranger, puisque les conditions climatiques du Québec ne sont pas propices à la survie des vecteurs qui les causent. Les changements climatiques apportant des changements épidémiologiques, il est important de demeurer préoccupés par l’augmentation de l’incidence des arboviroses et par leur émergence dans des zones précédemment épargnées.  

Les arboviroses pouvant être acquises au Québec et ailleurs au Canada sont l’infection au virus du Nil occidental (VNO), les infections associées aux virus du sérogroupe Californie (VSC) dont Jamestown Canyon (VJC) et Snowshoe hare (VSH) sont les plus fréquentes. Rarement rapportées, l’encéphalite de Powassan et l'encéphalite équine de l'Est (EEE) peuvent également être contractées au Québec.

Les arboviroses acquises exclusivement lors de voyages à l’extérieur du pays sont la dengue, le Chikungunya, le Zika, la fièvre jaune, le virus d’Oropouche, l’encéphalite de St-Louis et les encéphalites associées à d’autres VSC que VJC et VSH (ex. : VLAC, VEC).

Maladies à déclaration obligatoire (MADO)

Les médecins et les laboratoires doivent déclarer aux autorités de santé publique locales dans les meilleurs délais tout cas de VNO ou de VSC, avec ou sans symptômes et qu’ils soient neurologiques ou non neurologiques. En ce qui a trait aux autres arboviroses, consultez Maladies à déclaration obligatoire (MADO) Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre. destinée aux médecins et Maladies à déclaration obligatoire (MADO Cet hyperlien s'ouvrira dans une nouvelle fenêtre.) destinée aux laboratoires.

Quelles sont les recommandations pour les cliniciens?

Inclure les arboviroses dans le diagnostic différentiel des maladies fébriles et neuro-invasives

  • Ajouter dans le diagnostic différentiel aux autres causes de méningites, d'encéphalites ou de paralysie flasque…
    • Pendant la saison des moustiques, particulièrement si la personne exerce des activités à risque (jardinage, randonnées, travail à l’extérieur, pratique de sport ou loisirs comme le golf, etc.)
    • Au retour de voyages à l’étranger selon l’endémicité des pays visités
    • Chez toute personne qui rapporte une exposition significative aux moustiques ou aux tiques
  • Consulter un infectiologue au besoin.
  • Dépister selon le cas en procédant aux prélèvements et aux analyses de laboratoire appropriés (voir Répertoire des analyses du LSPQ.) selon les arboviroses suspectées et le contexte d’exposition probable.
    • Par exemple, pour la personne demeurée au Québec, il n’y a pas d’indication de dépistage pour la dengue. Toutefois, un dépistage pour le VNO et les VSC pourrait être envisagé.
  • Il est important de décrire les symptômes et de noter leurs dates de début, de noter s’il s’agit d’une femme enceinte ou d’une personne immunodéprimée et de préciser si la personne est demeurée au Québec ou a voyagé récemment. Si c’est le cas, préciser le(s) pays visité(s) et les dates de voyage, sans quoi, les échantillons concernés pourraient être refusés.

Précisions supplémentaires concernant les voyageurs

  1. L’Agence de la santé publique du Canada recommande aux cliniciens de considérer la fièvre Oropouche dans le diagnostic différentiel des cas suspectés de dengue chez des patients symptomatiques ayant voyagé dans des pays avec transmission documentée du virus Oropouche.
  2. Procéder aux prélèvements et aux analyses de laboratoire appropriés 
    Demander un Test Trioplex Dengue-Zika-Chikungunya au LSPQ : Prélever un sérum 14 jours ou moins après le début des symptômes pour un dépistage des acides nucléiques par PCR.
    En cas de résultat négatif pour le TAAN Dengue-Zika-Chikungunya, un TAAN pour l’Oropouche sera demandé par le LSPQ s’il y a mention sur la requête de visite dans un pays visé par le PAHO, d’où la nécessité d’inscrire toutes les informations requises sur la demande.
  3. Si des atteintes neurologiques sont observées, le LCR sera testé peu importe le délai de prélèvement.
  4. Effectuer 2 sérologies pour le dépistage de la dengue :
    Une sérologie en phase aigüe et une sérologie en phase de convalescence de 7 à 21 jours après le 1er échantillon (sérologie plus sensible, même si moins spécifique).

    L’analyse sérologique d’un seul sérum n’est pas recommandée, car elle ne permet pas de statuer sur la récence de l’infection. https://www.inspq.qc.ca/lspq/repertoire-des-analyses/dengue-anticorps

    Interprétation des résultats :
  • Le sérodiagnostic se fait par des épreuves immunoenzymatiques (EIA) qualitatives pour le dépistage des IgM et des IgG anti-virus de la dengue.
  • Un résultat positif au test EIA Dengue IgM est interprété comme compatible avec une infection récente au virus de la fièvre dengue. Les anticorps de type IgM sont habituellement détectés par EIA de 3 à 5 jours après le début des symptômes et persistent de 2 à 4 mois.
  • La présence d’IgG en l’absence d’IgM indique une infection ancienne par un flavivirus.
  • Dans tous les cas, les résultats doivent être interprétés à la lumière des symptômes observés chez le malade et des données épidémiologiques.
  • Si nécessaire, l'échantillon sera acheminé au Laboratoire national de microbiologie (LNM) pour confirmer la présence d'anticorps spécifiques par un test de séroneutralisation des plages de lyse (PRNT). La présence d'anticorps neutralisants confirme l'infection par le virus de la dengue.
  1. Le tableau suivant donne des précisions notamment sur les tests à effectuer pour le Zika dans le cas d’une femme enceinte selon divers scénarios :

Contribuer à la prévention

Il est important de promouvoir les mesures de protection contre les piqûres de moustiques (mesures personnelles et environnementales), particulièrement auprès des personnes les plus vulnérables aux infections sévères (âge avancé, immunosuppression, présence de maladie chronique ou grossesses pour certaines infections par exemple).

Sensibiliser la personne qui voyage…

La prévention est primordiale pour les voyageurs considérant que…

  • On peut contracter certaines arboviroses lors de voyages/séjours à l’étranger.
  • Aucun traitement prophylactique contre les arboviroses n’est disponible.
    (Attention : Il y a certes un traitement prophylactique contre la malaria qui est transmise par des insectes, mais comme la malaria n’est pas due à un virus, elle n’est pas retenue comme une arbovirose).
  • Seulement deux vaccins contre les arboviroses, soit celui contre la fièvre jaune et celui contre le chikungunya, sont disponibles pour les voyageurs ayant une destination à risque.
    (Un vaccin contre la dengue existe également, mais pour des populations locales spécifiques dans certains pays). 

Il est donc important de…

Mesures de protection personnelles : Limiter l’exposition aux moustiques vecteurs, particulièrement aux moments des pics d’activité des moustiques, en portant des vêtements qui couvrent autant que possible votre corps, en s’appliquant des répulsifs cutanés et en utilisant des insecticides sur les vêtements. Utiliser des écrans anti-insectes (moustiquaires), idéalement imprégnés de répulsif contenant du DEET, de l’icaridine ou d’huile d’eucalyptus citronné (3e choix contre-indiqué pour certaines personnes, voir fiche descriptive).

Sensibiliser la personne qui demeure au Québec…

La prévention est aussi primordiale pour tout résident du Québec considérant que…

Les arboviroses pouvant être acquises au Québec

Il demeure impossible d’établir l’épidémiologie réelle des arboviroses acquises puisque la majorité des infections à VNO et à VSC sont asymptomatiques (environ 80 %) et que, lorsque symptomatiques, les personnes atteintes éprouvent des symptômes non spécifiques n’entraînant pas nécessairement de consultation médicale. Ce que nous avons donc comme données épidémiologiques représente la pointe de l’iceberg, soit les infections graves conduisant à une consultation médicale et à la présence de symptômes suffisamment sévères pour entraîner un dépistage, ou encore des déclarations par Héma-Québec lors de dons de sang de personnes asymptomatiques.

Que sait-on du virus du Nil Occidental (VNO)?

Surveillance humaine

Au Québec, la surveillance humaine du VNO a débuté en 2003. Depuis, en dehors des années 2012, 2018 et 2020 (pics de 134, 201 et 63 cas respectivement), le nombre de cas rapporté est demeuré entre 10 et 20 cas par année. En 2024, 74 cas ont été enregistrés dans la province. La saison avait commencé plus tôt qu’à l’habitude (1er cas confirmé le 11 juillet). En Chaudière-Appalaches, cinq cas ont été rapportés, ce qui est bien supérieur aux observations des 20 dernières années (un en 2012 et en 2013; deux en 2018). L’âge varie de 50 à 71 ans. Trois d’entre eux ont été hospitalisés, dont une personne admise aux soins intensifs. Tous ont acquis l’infection au Québec à travers leurs activités quotidiennes ou de loisirs.

En 2023, 20 cas avaient été rapportés au Québec de la mi-août à octobre chez des personnes âgées entre 29 et 84 ans (âge médian de 66 ans). La majorité (76 %) présentait des symptômes neurologiques et plus de la moitié avaient été hospitalisés, avec un décès rapporté chez une personne de plus de 70 ans. Pour plus d’information, consulter Statistiques VNO.

Comment le VNO se transmet-il et se présente-t-il cliniquement?

Voici les modes de transmission et les manifestations cliniques pouvant indiquer une possible infection au VNO soit pendant la période des moustiques au Québec, ou lors de retour de voyages en présence de maladies fébriles ou de maladies neuro-invasives. Il n’est pas possible de distinguer l’étiologie virale d’une arbovirose par la seule présentation clinique étant donné la présentation symptomatologique similaire.

Virus du Nil Occidental

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

  • Piqûre d’un moustique porteur du VNO

Vecteur présent au Québec

  • Transfusion de sang ou transplantation d’organe
  • Asymptomatique dans 80 % des cas.
  • Les cas symptomatiques peuvent présenter des symptômes non spécifiques : maux de tête, fièvre, douleurs musculaires ou articulaires, nausées, vomissements, diarrhée, perte d’appétit, rash maculopapulaire chez 30 à 50 % des patients symptomatiques, lymphadénopathie.

Infections neurologiques graves dans moins de 1 % des cas infectés sous forme de : méningite,encéphalite, méningoencéphalite, myélite se manifestant généralement par des symptômes selon le site touché : fièvre, modification de l'état mental, crises d'épilepsie, déficits neurologiques focalisés, troubles du mouvement, paralysie flasque aiguë (avec progression possible vers la paralysie respiratoire nécessitant une ventilation artificielle) et paralysie ou parésie d'un membre isolé.

2 à 14 jours

  • 50 ans et plus;
  • Personnes immunodéprimées;
  • Personnes ayant des maladies chroniques.

Létalité entre 4 et 14 % pour les cas sévères (taux supérieur chez les 50 ans et plus)

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Comment faire le diagnostic du VNO? Se référer au répertoire des analyses du LSPQ 

  • Il est important d’indiquer si la personne est immunodéprimée et de noter ses données cliniques, sa date de début des symptômes et son historique de voyages récents s’il y a lieu. 
  • Le diagnostic se fait par la recherche des anticorps IgM par test EIA sur deux sérums, soit un premier sérum recueilli au début des symptômes, suivi d’un deuxième sérum du 14e au 21e jour. Il peut aussi se faire par un sérum et du liquide céphalorachidien (LCR) s’il y a des symptômes neurologiques. Les IgM sont détectés 3 à 5 jours après le début des symptômes et peuvent persister pendant 2 à 4 mois, voire davantage.
  • Les premiers spécimens positifs de la saison au Québec sont acheminés au Laboratoire national de microbiologie (LNM) pour confirmation par un test PRNT. La séroconversion des anticorps entre les deux sérums ou l’augmentation significative du titre d’anticorps neutralisants (≥4x) au PRNT confirme une infection récente. Une fois le premier cas confirmé au Québec, cette étape n’est plus réalisée.
  • Le dépistage des acides nucléiques (TAAN) sur LCR est possible depuis février 2023 au LSPQ, mais il est réservé dans des contextes particuliers, soit pour le patient immunosupprimé symptomatique en contexte d’exposition dans une région où le VNO est présent OU en complément à une analyse sérologique positive dans le but de confirmer une infection récente par le VNO, dans des contextes cliniques particuliers.

Que sait-on des virus du Sérogroupe Californie?

Surveillance du VSC

Des statistiques sont disponibles sur le VSC à partir de 2006. L’incidence varie, mais demeure faible au cours des dernières années.

Entre 2020 et 2022, on rapportait de 12 à 15 cas par année, avec une diminution à cinq cas en 2023 (dont deux probables). En 2024, 5 cas ont été déclarés, dont 3 confirmés.

En Chaudière-Appalaches, deux cas ont été retenus comme confirmés en 2021 (Jamestown canyon et Snowshoe hare) et deux cas en 2019. En 2024, un cas a été confirmé. Il aurait été acquis dans la région.

Voir le site du ministère de la Santé et des Services sociaux 

Comment le VSC se transmet-il et comment se présente-t-il cliniquement?

Il n’est pas possible de distinguer l’étiologie virale d’une arbovirose par la seule présentation clinique étant donné la présentation symptomatologique similaire.

Virus du sérogroupe Californie

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique porteur du virus

 

  • La grande majorité des infections : asymptomatiques (80 %) donc peu diagnostiquées, et peu signalées aux autorités de santé publique.
  • Dans 20 % des cas environ :
  • Fièvre;
  • Frissons;
  • Maux de tête;
  • Fatigue;
  • Douleurs musculaires ou articulaires;
  • Nausées, parfois accompagnées de vomissements, de douleurs abdominales et de diarrhée.

Dans environ 1 % des cas :  Infections neurologiques graves. Lorsque le système nerveux central est infecté, le virus a traversé la barrière hémato-encéphalique. Les symptômes observés reflètent l’atteinte des tissus touchés selon qu’il s’agisse de méningite, d’encéphalite ou de myélite.

2 à 14 jours

  • Personnes immunodéprimées

 

Comment faire le diagnostic du VSC?

  • Le diagnostic se fait par 2 sérologies pour recherche des anticorps IgM par EIA.
    • Première sérologie en phase aiguë, au début des symptômes, suivie d’une deuxième sérologie, du 14e au 21e jours OU un sérum et un liquide céphalorachidien.
    • Les échantillons IgM positifs sont ensuite testés avec une épreuve de séroneutralisation des plages de lyse (PRNT) pour le titrage des anticorps neutralisants au LNM afin d’éliminer les réactions croisées avec d’autres virus.
      L’interprétation se fait selon la séroconversion ou l’augmentation significative des anticorps neutralisants.
  • Dépistage des acides nucléiques (TAAN) réservé dans des contextes particuliers. Leur spécificité est bonne, mais leur sensibilité est très faible. Le LNM déterminera si une analyse moléculaire est envisageable après la réalisation des tests sérologiques.
  • Il est important d’inscrire sur la requête de laboratoire destinée au LSPQ qu’on suspecte le VSC et d’en faire une demande distincte du VNO. Toute demande de sérologie pour les VSC devra inclure l’information clinique et épidémiologique complète pour débuter les tests. Si ces précisions ne sont pas indiquées, l’analyse ne sera pas réalisée.

Que sait-on du virus de l'Encéphalite Équine de l'Est?

Voir le site du ministère de la Santé et des Services sociaux 

Surveillance

Quelques cas humains d’EEE ont été déclarés au Québec en 2024. Il s’agissait historiquement des premiers cas déclarés au Québec. Par ailleurs, le MAPAQ rapporte une augmentation des cas d’encéphalite équine de l’Est (EEE) chez des chevaux en 2024.

Au total, trois cas humains ont été rapportés en Ontario au cours des dernières années (5 au total pour le Canada de 2016 à 2023). Quelques cas humains sont également rapportés annuellement aux États-Unis, soit entre un et 38 cas par an de 2003 à 2023 (moyenne annuelle de 11 avec d’importantes fluctuations).

 Comment faire le diagnostic?

  • Le diagnostic se fait par 2 sérologies pour recherche des anticorps IgM par EIA.
    • La première sérologie (phase aiguë) doit être prélevée le plus rapidement possible. Un second prélèvement (sérum convalescent) doit être effectué 14 à 21 jours plus tard. Détection des IgM spécifiques du virus à l'aide d'un test immuno-enzymatique (EIA) ou d’inhibition de l’hémagglutination (HI). Un résultat positif doit être confirmé par un test d'anticorps neutralisants (PRNT).
  • Des tests moléculaires pour détecter l'ARN viral peuvent être effectués sur des échantillons de sérum, de LCR et de tissus prélevés au début de la maladie. S'il est positif, il confirme l'infection.

Comment le virus de l’encéphalite ÉQUINE DE L’EST se transmet-il et comment se présente-t-il cliniquement?

Virus de l’encéphalite équine de l’Est

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique porteur du virus;
  • Contact avec des animaux malades ou morts.

Symptômes d’allure grippale :

  • Fièvre et frissons;
  • Maux de tête;
  • Douleur musculaire ou articulaire;

 

Infections neurologiques graves :

  • Méningite
  • Encéphalite

Taux de létalité de 25 à 75 %.

4 à 10 jours

  • 50 ans et plus;
  • Enfants de moins de 15 ans.

Que sait-on du virus de Powassan?

Voir le site du ministère de la Santé et des Services sociaux 

Surveillance

En 2023, le premier cas d’encéphalite de Powassan acquis au Québec a été déclaré. En 2024, un cas fut confirmé en Chaudière-Appalaches (possiblement contracté en Mauricie-Centre-du-Québec) avec atteintes neurologiques sévères. Le nombre de cas annuel déclaré au Canada n’a jamais dépassé 4.

Comment faire le diagnostic ?

Il ne s’agit pas d’un test de routine. 

Consulter le répertoire du LSPQ pour détection des anticorps Powassan

  • Le diagnostic se fait par 2 sérologies pour recherche des anticorps IgM par EIA ou HI en plus d’un PRNT (épreuve de séroneutralisation des plages de lyse) sur les spécimens réactifs au test EIA pour confirmation.
  • 1re sérologie au début des symptômes, suivie d’une 2e sérologie de 14 à 21 jours après la première sérologie OU un sérum et un liquide céphalorachidien.
    • Les IgM peuvent persister dans le sérum jusqu’à un an ou plus après l’exposition à un arbovirus. Par conséquent, la détection d'IgM en elle-même n'est pas suffisante pour confirmer une infection aiguë, mais est compatible avec une exposition à un moment indéterminé. La détection d'anticorps d’IgG dans un seul sérum indique une exposition passée ou présente à ce virus. Une hausse par un facteur de 4 ou plus du titre d’anticorps neutralisants ou une séroconversion dans des sérums appariés est nécessaire pour classer un cas comme un « cas confirmé » de la maladie.
  • L’isolement d’un arbovirus ou la détection des acides nucléiques par TAAN/RT-PCR en temps réel dans un échantillon clinique constitue une preuve formelle de l’association du virus et de la maladie.

Comment le virus de Powassan se transmet-il et comment se présente-t-il cliniquement?

Virus de Powassan

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Par la morsure de tiques Ixodes

Fièvre, frissons, vomissements, faiblesse généralisée

Symptômes de méningoencéphalite, symptômes méningés, état mental altéré, convulsions, aphasie, parésie, troubles du mouvement, atteintes des nerfs crâniens

1-4 semaine(s)
(plus souvent 1-2 semaine)

  • > 50 ans, immunocompromis ou greffé, atteint de maladies chroniques

Les arboviroses pouvant être acquises à l’étranger

En plus de la plupart des infections pouvant être acquises au Québec, qui peuvent aussi être acquises lors de voyages dans d’autres pays, certaines infections transmises par des arthropodes ne peuvent être acquises que lors de voyages dans certains pays. C’est le cas du virus de la dengue, qui est en nette augmentation, du virus d’Oropouche (VORO), en émergence en Amérique du Sud et dans les Caraïbes, et des virus du Chikungunya, du Zika et de la fièvre jaune.

MADO : Déclarer rapidement à la Direction de Santé publique les cas d’arboviroses à déclaration obligatoire et tous les cas de virus Oropouche (indépendamment de leurs symptômes).

Que sait-on de la Dengue?

Surveillance humaine

La dengue progresse de façon importante et serait l’arbovirose la plus commune mondialement. La majorité des cas proviennent de l’Amérique du Sud, plus particulièrement du Brésil, mais il s’agit d’un virus très répandu : plus de 40% de la population mondiale vivrait dans une région où la dengue peut être transmise selon l’OMS. Des cas ont par ailleurs été acquis localement aux États-Unis (Floride et Hawaii).

La dengue progresse de façon fulgurante parmi les résidents du Québec également : 500 cas ont été déclarés en 2024, 166 en 2023, 67 en 2022. En comparaison, en moyenne 7 cas par année de 2010 à 2021 inclusivement avaient été déclarés. Les résidents en Chaudière-Appalaches n’échappent pas à cette progression : on y rapporte 16 cas en 2024 et 9 en 2023, alors qu’un maximum de 2 cas annuels étaient rapportés au cours des années précédentes. Tous les cas sont associés à des voyages. Aucun décès n’a été rapporté.

Comment la Dengue se transmet-elle et se présente-elle cliniquement?

Vous trouverez regroupé les modes de transmission et les manifestations cliniques pouvant nous laisser suspecter la dengue lors de retours de voyages. Ne pas oublier de considérer cette infection en présence de maladie fébrile. Il n’est pas possible de distinguer l’étiologie d’une arbovirose par la seule présentation clinique étant donné la présentation symptomatologique similaire.
 

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique porteur du virus;
  • Transmission verticale possible mais peu fréquente (prématuré, insuffisance pondérale ou détresse  fœtale).
  • Rares cas transmis par des produits sanguins, dons d’organes et transfusions constatés.

Début soudain de forte fièvre;

  • douleurs musculaires et articulaires intense;
  • céphalées frontales;
  • douleurs rétro-orbitaires;
  • flushing (bouffées vasomotrices au visage se traduisant par un érythème transitoire).

6 à 8 jours :

  • défervescence;
  • éruption maculopapulaire scarlatiniforme au niveau du tronc et des extrémités;
  • reprise de la fièvre.
  • manifestations hémorragiques bénignes :
    • épistaxis;
    • saignement gingival;
    • hématurie;
    • ménorragies;
    • saignements gastro-­intestinaux;
    • pétéchies.

Dengue hémorragique :

  • douleurs abdominales sévères;
  • vomissements persistants;
  • respiration rapide;
  • saignement des gencives ou du nez;
  • fatigue;
  • agitation;
  • sang dans les vomissures ou les selles;
  • forte sensation de soif;
  • peau pâle et froide;
  • sensation de faiblesse.

3 à 14 jours

  • Personnes ayant déjà fait une à trois infections de dengue;
  • Nouveau-nés de mères immunes;
  • Enfants de moins de 15 ans en zone endémique.

Que sait-on de l'Oropouche?

Surveillance humaine : Qu'est-ce qui inquiète?

Selon l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), depuis le début de l’année 2024, l’incidence des infections par le virus Oropouche (VORO) a considérablement augmenté en Amérique du Sud et se propage au-delà de son aire de répartition historique (qui était surtout le bassin amazonien du Brésil) et touche désormais les Caraïbes. Une première épidémie de maladie à virus Oropouche a été déclarée à Cuba le 27 mai 2024 et plus tard en République Dominicaine. Deux québécois auraient été parmi les cas d’Oropouche en 2024, dont aucun parmi les résidents de Chaudière-Appalaches.

Comment l'Oropouche se transmet-il et se présente-il cliniquement?

Le virus Oropouche est un virus émergent dans les Amériques qui se transmet aux humains par des moucherons piqueurs infectés et par certaines espèces de moustiques. Il peut également être propagé par certains moustiques, notamment les moustiques Culex quinquefasciatus, qui peuvent également propager les virus du Nil occidental et de l’encéphalite de Saint-Louis.

La maladie peut survenir chez des personnes de tout âge et est souvent confondue avec la dengue.

Possible transmission sexuelle de l'Oropouche : Un rapport scientifique récent décrit la première fois que le virus Oropouche a été détecté dans le sperme d'un patient atteint d'Oropouche, ce qui soulève des inquiétudes quant au risque éventuel de transmission sexuelle. D'autres virus (comme les virus Zika et Ebola) présents dans le sperme ont déjà été associés à une transmission sexuelle. Aucun cas de transmission sexuelle du virus Oropouche n'a été signalé jusqu’à maintenant.

La transmission verticale, soit l’infection transmise de la mère au fœtus pendant la grossesse, a été associée à des décès fœtaux, à des mortinaissances et à des malformations congénitales (OPS, 2024)(Alerte en Juillet 2024). Le risque qu’une personne enceinte infectée transmette le virus à son fœtus n’est pas actuellement connu. Hormis la transmission verticale, il n’y a pas de transmission interhumaine de l’Oropouche actuellement prouvée. Des décès ont été signalés chez des personnes atteintes d'Oropouche.
 

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique ou d’un moucheron porteur du virus;
  • Transmission verticale (materno-fœtal).
  • Fièvre et frissons;
  • maux de tête (souvent sévère);
  • douleur musculaire ou articulaire;
  • sensibilité à la lumière
  • douleurs rétro-orbitaires;
  • éruption cutanée;
  • nausées et vomissements;
  • épistaxis et injection palpébrale possibles;
  • Symptômes ressemblant à la dengue

Infections neurologiques graves (près de 5% des cas)

  • méningite;
  • encéphalite
  • Décès rapportés chez des femmes en bonne santé.

 

3 à 12 jours

  • Femmes enceintes et fœtus. Peut causer : avortements spontanés, malformations (microcéphalies risque X4), décès

 

Évolution : guérison habituelle avec récurrence possible des symptômes après résolution

Que sait-on du Zika?

Surveillance humaine

Depuis les années 1950, le virus Zika a été détecté de manière occasionnelle en Afrique et en Asie. En Amérique, le virus Zika a été identifié pour la première fois au Brésil en 2015 et s’est propagé en Amérique centrale, dans les Caraïbes et au Mexique. Aux États-Unis, en 2016, il y a eu transmission limitée, mais depuis 2018, aucun cas acquis localement n’a été rapporté dans la partie continentale des États-Unis.Le nombre de cas de maladie à virus Zika diminue depuis 2017 à l’échelle mondiale. Toutefois, de faibles niveaux de transmission vectorielle persistent dans plusieurs pays.

En février 2016, le lien de causalité entre le virus Zika et certaines malformations congénitales a été confirmé. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié la microcéphalie et d’autres troubles neurologiques liés à la maladie à virus Zika d’urgence de santé publique de portée internationale. L’OMS a mis fin à l’urgence de santé publique en novembre 2016.

Parmi les résidents du Québec, aucun cas n’avait été déclaré en 2024, 2 cas avaient été déclarés en 2023 et 1 en 2020. Aucun de ces cas ne résidait en Chaudière-Appalaches.

Comment le Zika se transmet-il et se présente-il cliniquement?

 

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique porteur du virus;
  • Transmission intra-utérine et prénatale;
  • Transmission sexuelle lors de rapports sexuels non protégés
  • Lors d’une transfusion sanguine, de dons de sang, de tissus, sperme ou organes par une personne infectée (survient rarement)  

Asymptomatique dans 70 à 80 % des cas. Les cas symptomatiques peuvent présenter :

  • maux de tête;
  • fièvre (peu élevé);
  • douleurs musculaires ou articulaires;
  • conjonctivite;
  • éruption cutanée.

Formes sévères :

  • encéphalopathie;
  • méningoencéphalite;
  • myélite et uvéite;
  • syndrome de Guillain-Barré;
  • thrombocytopénie sévère.

3 à 14 jours

  • Femmes enceintes (fœtus);
  • Nourrissons avec anomalies congénitales graves

Que sait-on du Chikungunya?

Surveillance humaine

La maladie causée par le virus Chikungunya est à déclaration obligatoire (MADO) depuis le 17 octobre 2019. La maladie a d’abord été endémique principalement en Asie du Sud et en Afrique, avant de s’étendre. En 2007, la maladie fait son apparition en Europe, où un des moustiques vecteurs, Aedes albopictus, s’est établi. Vers la fin de 2013 et en 2014, le Chikungunya s’est propagé aux Antilles et a atteint le continent américain. En 2014, 197 cas acquis aux États-Unis ont été rapportés, principalement dans l’état de Porto Rico.

Au Québec, tous les cas sont survenus chez des voyageurs revenant de pays où le virus Chikungunya est en circulation. En 2014, année où il y avait plusieurs pays en éclosion de Chikungunya en Amérique, on a diagnostiqué plus de 60 cas d’infections chez des Québécois au retour de voyage. Ce nombre a toutefois diminué depuis. En 2024, 26 québécois auraient contracté ce virus, et 25 en 2023. Le dernier cas concernant un résident de Chaudière-Appalaches daterait de 2020.

Comment le Chikungunya se transmet-il et se présente-il cliniquement?

Le virus est principalement transmis par les piqûres de moustiques du genre Aedes, tout comme le virus de la dengue, le virus de la fièvre jaune et le virus Zika.
 

Modes de transmission

Manifestations cliniques

Période d’incubation

Personnes à risque de maladie sévère

Fréquentes

Rares

  • Piqûre d’un moustique porteur du virus;
  • Transfusion de sang ou transplantation d’organe;
  • Transmission verticale (materno-fœtal).
  • fièvre;
  • maux de tête ;
  • douleurs musculaires ou articulaires;
  • sensibilité à la lumière
  • éruption cutanée.

Formes sévères :

  • méningoencéphalite, myélite;
  • myocardite;
  • hépatite;
  • uvéite;
  • néphrite;
  • syndrome de Guillain-Barré.

1 à 12 jours

  • Nourrissons;
  • Adultes âgés de 65 ans et plus;
  • Personnes atteintes de maladies chroniques.
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