Le délirium chez la personne âgée hospitalisée

Le délirium, ou « état confusionnel aigu », est fréquent chez la personne âgée hospitalisée. Voici des informations qui vous aideront à comprendre ce qui se passe pendant un épisode de délirium et ce que vous pouvez faire pour aider votre proche, autant dans une perspective de prévention que de traitement.

Une définition du délirium

Le délirium est une condition d’installation qui se développe en quelques heures ou quelques jours, habituellement temporaire et réversible. Il provoque un changement soudain dans la manière de penser d’une personne et peut aussi modifier ses comportements. Il est souvent associé à une diminution de la conscience ainsi que de la mémoire des événements et de l’environnement. La personne atteinte d’un trouble neurocognitif majeur (maladie d’Alzheimer ou maladies apparentées) est particulièrement à risque de développer un délirium pendant un séjour à l’hôpital. La personne ayant déjà présenté un délirium lors d’une hospitalisation passée s’expose aussi à une récidive. Des difficultés visuelles ou auditives significatives prédisposent également à cette condition.

La durée et les séquelles

La plupart des déliriums s’améliorent rapidement, en quelques jours à quelques semaines, avec une récupération complète. Cependant, chez certaines personnes, des symptômes persistent quelques mois avant d’en constater la résolution complète. Laissez-lui du temps!

Les principaux symptômes du délirium

  • Difficulté à se concentrer.
  • Trouble de mémoire.
  • Désorientation dans le temps et les lieux.
  • Propos décousus, incohérents.
  • Difficulté à reconnaître et à identifier les personnes.
  • Difficulté à s’exprimer (bredouille ou marmonne).
  • Voir ou entendre des choses imaginaires (« hallucinations »).
  • Anxiété, agitation, irritabilité, colère ou, au contraire, ralentissement et somnolence.
  • Problèmes de sommeil (inversion du cycle, dort le jour et s’active la nuit).
  • Difficulté nouvelle à manger, à se laver, à s’habiller, etc.
  • Changement dans le comportement ou dans le fonctionnement habituel.
De façon générale, les symptômes du délirium fluctuent, c’est-à-dire qu’il y a une alternance entre des périodes où les symptômes sont très légers ou même absents, et d’autres où ils sont plus présents. Une personne peut, par exemple, aller bien le matin et ne plus savoir où elle se trouve en soirée. 

Les causes les plus fréquentes du délirium (facteurs précipitants)

  • La douleur.
  • Une intervention chirurgicale.
  • Une infection (ex. : urinaire, pulmonaire, plaie infectée).
  • Une autre maladie significative (ex. : infarctus, accident vasculaire cérébral).
  • L’aggravation d’une maladie chronique (ex. : insuffisance cardiaque, exacerbation d’une bronchite chronique).
  • La médication (ex. : changement de dose, ajout, sevrage).
  • L’alcool (ex. : intoxication ou sevrage).
  • Une constipation, fécalome, occlusion intestinale, rétention urinaire.
  • La déshydratation.
  • Un taux de sucre ou un niveau d’oxygène anormal dans le sang.
  • Un événement marquant tel un déménagement ou une simple hospitalisation.
  • Trop ou trop peu de bruit ou de lumière.
  • Toutes contraintes entraînant l’immobilisation : alitement, perfusion intraveineuse, sonde urinaire, contention physique.
  • Un changement d’environnement, surtout s’il y a absence de points de repère.

Que puis-je faire pour aider?

Votre présence contribue déjà à diminuer l’anxiété de votre proche âgé et le stress associé à son hospitalisation, que ce soit en prévention du délirium ou dans le contexte de son traitement. Lorsque vous le pouvez, soyez à son chevet. Votre implication est aussi importante pour la détection (ou reconnaissance) précoce du délirium. N’hésitez pas à aviser une personne de l’équipe soignante si vous observez un changement rapide dans le fonctionnement ou le comportement de votre proche.

Que fait l’équipe soignante pour traiter une personne atteinte de délirium?

Tout d’abord, l’équipe soignante identifie et traite la ou les cause(s) du délirium. Ensuite, des interventions de soins non pharmacologiques (ex. : rassurer, faire diversion) sont appliquées pour éviter d’autres complications et contrôler les facteurs qui peuvent contribuer à prolonger le délirium. Enfin, certains symptômes du délirium pourront mériter un traitement plus spécifique, comme les hallucinations dérangeantes, ce qui pourra signifier l’administration temporaire de certains médicaments si les approches non pharmacologiques se révèlent insuffisantes. Pour bien prendre soin de votre proche, vous constaterez que l’équipe soignante aura recours à des gestes simples, quotidiens et répétés. Nous vous encourageons à les reproduire, vous aussi, lors de vos visites.

Faites équipe avec nous dans les soins

  • Abordez votre proche avec un sourire. Identifiez-vous. Rassurez-le en lui disant qu’il est en sécurité et qu’il va se rétablir.
  • Tenez-lui compagnie le plus souvent possible. Les visages familiers sont réconfortants et sécurisants pour lui. Mais prenez aussi soin de vous. Alternez vos visites avec d’autres membres de votre entourage.
  • Si votre proche exprime des idées étranges, tentez de le replacer doucement dans la réalité, sans argumenter, car cela pourrait susciter de l’agressivité.

Maintenir un environnement calme et rassurant

  • Parlez à votre proche doucement et calmement, en utilisant un langage simple et des phrases courtes.
  • Rappelez-lui souvent l’heure, le jour, la date, la saison et l’année.
  • Faites en sorte qu’il ait un calendrier à la vue ainsi qu’une montre ou une horloge.
  • Redites-lui qu’il est à l’hôpital en lui précisant, de manière réconfortante, les raisons de son hospitalisation.
  • Assurez-vous que votre proche porte ses lunettes et ses appareils auditifs, s’il en possède.
  • Placez des photos et quelques objets familiers dans sa chambre, cela facilite son contact avec la réalité.
  • Limitez le niveau de bruit autour de votre proche.
  • Favorisez le sommeil la nuit et l’éveil le jour. Réduisez les siestes à un maximum de 30 minutes durant la journée.

Favoriser l’hydratation et l’alimentation

À moins de contre-indication signalée par l’équipe soignante, incitez votre proche à boire et à manger. Aidez-le au besoin. Ses aliments favoris peuvent lui être apportés du domicile.

Encourager l’activité physique dès que permise

Aidez votre proche à s’asseoir au fauteuil lors des repas. Assistez-le pour se rendre à la salle de bain. Faites-le marcher le plus souvent possible. Nous vous enseignerons comment le faire sécuritairement.

Valoriser la stimulation intellectuelle

  • Discutez des sujets qui l’intéressent ou qui lui sont familiers, tout en évitant la stimulation excessive.
  • S’il aime la lecture, apportez des journaux, des revues ou des livres. Au besoin, faites-lui la lecture.
  • Vous pouvez aussi jouer à des jeux familiers tels que les cartes.

Personnes ressources

Accompagner un proche en délirium peut être une expérience difficile. Au besoin, discutez-en avec l’équipe soignante. Pour toute interrogation, n’hésitez pas à questionner le personnel en place. En tout temps, quelqu’un est disponible pour répondre à vos questions.
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